Vieillir peut être effrayant. C'est à ce moment-là qu'on réalise qu'on est témoin de tout ce qui nous entoure. Nos os bougent moins facilement, nos yeux sont fatigués par la lumière, et nos poumons ont souvent besoin d'un répit après cette respiration laborieuse. Mais plus effrayant encore et plus épuisant, c'est de réaliser que nos proches ne sont pas là, à écouter avec indifférence nos récits héroïques fantasmés. On sait qu'ils s'en fichent, mais on est quand même heureux de partager ce qui est important pour nous avec quelqu'un. Être seul à un âge où tout le monde est désiré est effrayant, et après une vie à courir après la lumière, on finit par vivre dans les ténèbres sans sa famille, à un moment où l'on a besoin de quelqu'un pour nous guider. Et alors, la vie est comme courir après des cendres emportées par le vent ; elle n'allume ni feu ni ne reste en place.